Accéder au contenu principal

Des jardins reposants dans les cours de Malines / Mechelen

J'ai visité Malines au mois de juillet 2012, certaine d'y découvrir autant de merveilles qu'à Anvers, Bruges et Gand. Je commençais seulement à m'intéresser à l'art des jardins lorsque je me suis retrouvée dans la cour du palais de Marguerite d'Autriche - actuel palais de justice - et puis dans celle de la Manufacture royale De Wit. Toutes deux, de plan rectangulaire, étaient occupées par un jardin régulier qui s'accommodait fort bien de l'espace disponible. La seconde composition m'a davantage plu pour son côté plus touffu par rapport à la sobriété de la première. 

Le jardin du palais se découvre à partir du porche du bâtiment et une vue d'ensemble est possible depuis un élégant escalier de pierre sur la droite. Il est constitué de deux rangées de parterres régulièrement alignés, délimités par des buis. Chacun renferme un simple gazon ainsi que, d'un côté, un élément de topiaire d'une hauteur assez importante et, de l'autre, un (ou plusieurs) topiaire taillé en boule (l'un serait même traité en spirale). Les allées entre les parterres sont pavées et ont un reflet un peu rougeâtre. A deux reprises, les parterres sont dessinés de manière à former un rond point, accueillant par exemple un vase en pierre ou un banc discret, sans dossier. Notons que ce jardin n'est pas fait pour y faire la sieste mais il s'offre néanmoins à la méditation. Reste à savoir si les employés qui travaillent dans les bâtiments adjacents prennent encore le temps d'admirer leur cour. Le long de la galerie couverte, un parterre rectangulaire délimité par des buis semble contenir contre leur gré un alignement de végétaux bien serrés qui fait peut-être un peu négligé tout en étant vigoureux. Dans un renfoncement de la cour, à angle droit, on remarque des parterres de dimensions plus réduites avec des topiaires en boules. Contre l'une des façades grimpe un vignoble. Peut-être quelques fleurs poussent-elles ça et là mais en toute réserve. Un rosier et des bacs à fleurs sur les appuis de fenêtres sur l'aile au fond de la cour sont tout ce que j'ai pu distinguer.

Ce jardin a pour avantage d'égayer la cour du palais, quoique celui-ci ait déjà un aspect fort agréable à la vue, dans son mélange entre courants gothique et renaissance (XVIe siècle et reconstructions du XIXe qui rendent la lecture difficile). La composition s'harmonise totalement avec les bâtiments qui l'encadrent et convient en terme de coïncidence des époques. La preuve, les buis qui délimitent les parterres sont déjà assez élevés. Rien de particulièrement osé, toutefois (pas de petit bassin, pas de statues...). Cela facilite l'entretien et de toute manière, une cour "d'honneur" (terme un peu anachronique ?) n'est pas censée épuiser le visiteur par un trop plein d'audace créative ! A mon avis, l'épaisseur des parterres permet d'atténuer le sentiment d'éloignement que nous pourrions avoir par rapport à l'aile du palais située au fond de la cour.

Il faut savoir que ce jardin est une création a priori récente (est-ce une reconstitution ?). En effet, lors de recherches dans d'anciennes cartes postales de la ville en noir et blanc, malheureusement non datées, répertoriées sur le site delcampe.net, on remarque que la cour avait une toute autre allure, nettement moins distinguée : simples pièces de gazon et rond point polygonal décoré d'un buisson ou arbuste décoratif, quelques buis ci et là, pour faire court.




Quelques heures plus tard, je passe par hasard près de la Manufacture royale De Wit et je jette un oeil dans la cour. Déjà conquise par ce que j'aperçois, je longe le petit jardin avec ravissement tout en craignant d'être prise par surprise par les propriétaires du lieu. J'ai l'impression d'être dans un jardin privé et de m'être introduite par effraction. La Manufacture, installée dans un ancien refuge de l'abbaye prémontrée de Tongerlo, est un endroit où sont acquises, conservées et restaurées des tapisseries anciennes et modernes. Les visites individuelles n'ont lieu que le samedi. C'est pour cette raison - je le comprends à présent - que j'étais seule dans les parages. Il n'y avait pas un rat. Cependant, on m'épiait peut-être depuis les innombrables fenêtres qui me cernaient. J'étais charmée par les châssis et par les portes peintes en rouge pétant. Depuis la porte cochère (?), aménagée dans le mur en briques qui donne sur le trottoir, une allée pavée plus importante mène à la porte "principale" du bâtiment. A ma droite se trouve donc un jardin qui, ma foi, à bonne mine, est à la fois élégant et bien garni. Moins austère qu'au palais, on dirait presque que le propriétaire des lieux a cherché à se faire plaisir. A faire bonne impression, ça c'est sûr. Un jardin de bonne qualité, même de petites dimensions, en dit long sur les occupants. Une recherche serait intéressante afin de déterminer qui sont les auteurs à l'origine de ce petit délice verdoyant.

Le petit délice verdoyant me fait penser à des jardins visités en Angleterre, qui semblaient si sincères, intimes, proches de l'humain, et proposaient des bancs en bois à dossiers rythmés par des lattes. Du type qui donne envie de s'asseoir des heures et des heures, dans la détente la plus totale. Les murs en briques donnent de la chaleur à l'ensemble. Les plantes que l'on y fait grimper sans trop de discipline renforcent cet aspect. Les parterres cernés de buis sont découpés de manière à aménager des ronds points en losanges, choix formel qui permet d'animer la composition. Pour égayer les ronds points, un beau pot en terre cuite accueillant un buis taillé en boule et une fontaine en pierre octogonale à motifs sculptés font l'affaire. De tracé assez simple, le jardin peut presque apparaître destructuré lorsqu'il est photographié sous certains angles, tout ça grâce aux losanges ! A la place des gazons du palais, les parterres renferment un couvert végétal assez dense, avec parfois un topiaire en cône et quelques fleurs blanches ou mauves, ou rouges. Deux grands arbres - essences à déterminer - dominent la scène et procurent un peu d'ombre. Ils servent aussi à maintenir des installations visant à illuminer la cour.

Je ne suis pas restée des années dans ce jardinet mais j'étais vraiment fière d'avoir découvert cet endroit. Il correspond à mes goûts en matière de jardin, même s'il est très modeste du point de vue des dimensions. La présence d'une fontaine a évidemment joué en sa faveur.





(Article en cours de rédaction / dernière mise à jour le 22/09/2013)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Tournai : les jardins de Choiseul

Encore une découverte de jardin surprise ! J'avais rendez-vous à l'Avenue Bozière à Tournai mais j'étais un quart d'heure en avance. Je fais donc quelques pas et je remarque un grand et beau bâtiment dépassant largement derrière le muret en protégeant l'accès. Les grilles sont ouvertes et j'entraperçois un très joli jardin, inondé de soleil en ces temps de canicule. A plusieurs reprises, je vérifie s'il s'agit d'un jardin privé ou non, si je peux y entrer ou non. Ne voyant aucune interdiction, je me risque à y faire un tour, armée de mon appareil photo. La construction est impressionnante, austère et imposante en même temps. J'imagine que ce bâtiment ancien est devenu un home pour personnes âgées, vu les proportions et le calme qui règne en ces lieux. Je commence à me détendre, personne ne vient me demander de rebrousser chemin, même si certains ont dû me voir depuis les portes ou les fenêtres. Le jardin est assez classique

Lac de Côme épisode 2 : le jardin de la villa de la Fondation Rockfeller à Bellagio

L'après-midi du 2 mai, nous avons eu l'immense honneur de pouvoir visiter en groupe le jardin de la villa de la Fondation Rockfeller à Bellagio.  Bellagio est une charmante ville de petite taille située au bord du lac de Côme, et dont on gravit une série de "salite" parallèles, autrement dit de petites rues en pente, bordées de boutiques aguichantes. Une place avec une église marque l'aboutissement d'une plus grande rue à nouveau fort garnie en commerces et en zones de restauration. Par-dessus ce bel ensemble se trouve la villa de la Fondation Rockfeller , aussi appelée la Villa Serbelloni, avec son très agréable jardin - qui tient plutôt du parc - aménagé en pente autour et par-dessus la villa et de différents petits bâtiments dont la disposition est supposée faciliter la tranquillité et la concentration des résidents-chercheurs . Pour la petite histoire, la villa a été donnée en 1959 par une princesse américaine, Ella Holbrook Walker, à la Fondation Rockfel

Du René Pechère à la Cité administrative de Bruxelles

                                                                             *...*...* On ne peut pas le rater quand on travaille dans le quartier, surtout quand on peut l'observer depuis les hauteurs : voici le jardin de la Cité administrative de René Pechère à Bruxelles. Créateur du parc Malandre à Renaix et du parc Tomberg plus loin dans Bruxelles, le célèbre paysagiste nous a aussi légué cette intéressante composition qui remonte aux années 1958-1970. En le découvrant depuis les bureaux qui l'entourent, je remarque que le jardin s'étale avec vigueur sur toute une aire de terrain rectangulaire allongée. Il est entouré de bâtiments assez hauts, en particulier de la tour des Finances, qui surpasse les autres en hauteur. Le jardin est censé être réparti sur deux terrasses, mais je ne l'ai su qu'en lisant un article dont le lien vous est offert plus bas.  La terrasse que j'ai pu découvrir personnellement est tout à fait lisible quant aux élémen