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Les jardins de l'abbaye de Valloires en Picardie

Célébrer la fin des examens dans les jardins de l'abbaye de Valloires, une merveilleuse idée qu'à eue là une amie que, d'ailleurs, je remercie de m'y avoir emmenée !

Pour arriver à destination, la route est tranquille, le paysage dégagé, l'ambiance détendue. Plus l'on se rapproche, plus les villages que l'on traverse sont charmants, nous voilà bientôt dans la vallée du fleuve Authie ; bien sûr, il n'y a pas plus verdoyant. Je me sens en vacances.

L'abbaye ne se voit pas de loin, on l'aborde par des routes bordées d'arbres. La visite des jardins se fait sur une entrée plutôt excentrée par rapport à la cour d'honneur de l'abbaye. Il faut se présenter à l'accueil, entouré d'une boutique remplie de souvenirs charmants. 

Le premier accueil dans ces lieux enchanteurs était humain ; le second était animal, puisqu'un paon nous attendait déjà au détour du premier sentier courbe. Cependant, notons qu'il nous tournait le dos.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes catapultées devant une vue pour le moins enchanteresse. Nous nous tenons debout au sommet d'une aire toute dégagée qui s'étend jusqu'à l'abbaye qui clôt la composition. Là où nous sommes, quelques bancs, quelques topiaires, ensuite un gazon très bien entretenu, légèrement en pente, beaucoup plus loin, un jardin régulier que nous explorerons plus tard. Le soleil tape durement sur une telle surface.





Nous empruntons une allée latérale, qui fait office de terrasse longeant le sud du jardin régulier. C'est depuis cette allée qu'il est possible de s'échapper sur les coteaux et vers les autres jardins. La lumière qui filtre à travers les feuillages des jolis arbres à port en boule provoque de petites taches lumineuses sur le sol, ce qui confère un air magique à cet endroit.






ça monte un peu puis nous aboutissons sur un jardin que nous pourrions qualifier de philosophique, intellectuel, contemporain ou encore de mystérieux : le Jardin de l'évolution (tout un programme !). Je ne l'ai pas dit, mais les cinq jardins que nous parcourons sont le fait de l'architecte paysagiste Gilles Clément. Celui-ci a accompli son méfait aux alentours de 1990. Soit dit en passant, il possède un site Internet reprenant ses différentes créations. Le jardin Lamarck n'est pas un simple délire sous forme végétale et minérale, il a sans doute été créé après d'intenses périodes de réflexion. Je lis présentement que Gilles Clément a voulu faire référence à un savant / scientifique du XVIIIe siècle, Jean-Baptiste Lamarck dont il se sent proche notamment sur la question du transformisme. Pour le coup, ça me rappelle mes cours de biologie en secondaire. 

Ce Jardin de l'évolution a pour mérite de ne rappeler aucun schéma connu, que ce soit celui du jardin régulier ou celui du jardin paysager. D'où le plaisir de la création contemporaine dans les jardins ; je ne l'ai pas toujours dans les autres domaines artistiques (mais restons ouverts). Dans un espace arrondi, couvert par de fins feuillus, a été évoquée "l'origine", sous forme d'une spirale écrasée et en tension, un fossile, une empreinte digitale dont les stries sont évoquées de petites planches rectangulaires disposées de proche en proche au sol. Rien d'aléatoire dans tout ceci, même les fougères sont prévues, du moins je l'imagine. Remis de cette expérience inédite, nous devons emprunter la Marche des ères pour atteindre de petites chambres : la Chambre des êtres, la Chambre de l'érosion et la Chambre des nuages. Elles passeraient bien pour les bosquets ou chambres de verdure des temps nouveaux...et plutôt que des chambres de verdure, des chambres minérales. Les trois chambres communiquent entre elles, sont de forme trapézoïdale. Chaque fois, occupant une grande partie de l'espace, une composition hautement évocatrice est installée dans un plan rectangulaire délimité par un cadre de pierre ; elle est tantôt végétale tantôt minérale. Les références à la botanique, à la géologie et aux théories de Lamarck sont exposées sur des panneaux. Le visiteur n'est pas complètement laissé en plan et dans l'ignorance la plus totale, Gilles Clément tenait donc bien à rendre hommage et à faire connaître cet érudit incompris à son époque.











Une fois que nous avons quitté cet univers particulier, nous tombons dans un autre, à savoir le jardin des cinq sens. Nous sommes dans une grande clairière, occupées à tester les différents dispositifs censés éprouver nos corps, rien de très bouleversant, plutôt des sensations légères, simples, amusantes...comme quoi ? Je ne sais plus bien, j'ai marché sur du galet, actionné un machin musical suspendu à un arbre, senti une plante ou l'autre. Je n'ai rien goûté mais normalement, il est prévu que l'on puisse goûter des fruits. Oui, je ne l'ai pas dit mais tout le jardin est conçu pour mettre en valeur la collection d'arbustes asiatiques et américains réunie par le pépiniériste Jean-Louis Cousin (un site internet vous en dira plus sur la question, je n'oserais pas répéter).

Rejoignons à présent le jardin paysager : comme des petites logettes de verdure, avec des bancs en bois bien solides, des arbres, des arbustes et arbrisseaux et des plantes couvre-sol...ce qu'on pourrait appeler des mixed border(s). La pression retombe dans cet endroit isolé et charmant. Monsieur Lamarck est temporairement oublié (mais en réalité, nous ne nous permettrions pas). Par de petits sentiers, nous arrivons en surplomb du jardin régulier, où nous attendaient une petite table et deux chaises en fer forgé. Dommage, personne n'est venu nous servir le thé et de petits biscuits.







Allons, cette fois, voir ce qu'il se trame au pied de l'abbaye. Qui dit "jardin régulier" dit parterres. Je n'arrive cependant pas à prendre une photographie digne de ce nom, les parterres étant très allongés et de formes compliquées. Ils prennent la forme de planches gazonnées dans lesquelles des plantes croissent par petits carrés de culture. Des topiaires en forme de parallélépipèdes rectangles ponctuent les parterres. Le tout est à la fois bien ordonné et désordonné, l'architecte paysagiste n'a pas choisi la simplicité. Autour du jardin, des arbres fruitiers montés en palissade. Il paraît qu'il y a un cloître de topiaires quelque part mais nous l'aurions manqué ! Si l'on s'échappe à la droite de l'abbaye, nous finissons notre tour par une roseraie...









Mais non ! Il y avait encore un jardin, parallèle au jardin régulier, et beaucoup plus étroit. C'était plutôt un jardin d'eau, qui manquait dans les autres univers. Cependant, les jets d'eau ne fonctionnaient pas. D'un côté, des arbres et des chemins d'eau à distances régulière, de l'autre une allée qui longe une sorte de marais tout à fait idyllique...Une jolie manière de terminer sa visite. Une phrase pour clore ce chapitre : "ils sont gâtés en Picardie" !








Article mis en ligne le 15 juin 2014




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