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Les jardins du Montjuïc (Barcelone)

Bonne nouvelle ! Je vais enfin pouvoir vous parler des jardins qui recouvrent le Montjuïc à Barcelone, une colline accessible en téléphérique et qui regroupe une bonne part des attractions majeures de la ville (Fondation Miro, musée national d'art de Catalogne, etc.). En 1929, le site accueillait l'exposition universelle et, en 1992, les Jeux olympiques : on en déduit qu'il en garde encore les traces du point de vue aménagement et architecture...

Visiter cette partie de Barcelone peut vous prendre une bonne partie de la journée, heureusement, ça en vaut la peine. Ne serait-ce que pour le téléphérique, on n'en prend pas tous les jours - sauf si on travaille là-bas, peut-être ? Si vous n'êtes pas trop pressé de visiter les musées, une petite balade de jardins en jardins pourrait être une option alléchante pour l'amateur que vous êtes sûrement. Surtout qu'il y en a pour tous les goûts, différentes sensibilités.

Le premier jardin que j'ai visité se trouvait à côté de la Fondation Miro et avait clairement un air contemporain. Sur un gazon bien vert est posé un chemin qui se démarque nettement et prend, de proche en proche, la forme d'une petite placette. Dans l'herbe se dressent quelques sculptures isolées qui, sans doute, font écho entre elles (Agulla, Tom Carr, 1990, notamment). Je vous laisse le soin de l'interprétation et celui d'apprécier les volumes. De grands arbres et quelques palmiers habillent l'ensemble. Et puis une statue qui me plaît bien car cette jeune femme au buste penché vers l'arrière, la tête tournée vers le ciel, insuffle du dynamisme, une pointe dramatique en ce lieu tout neuf...Si le caractère dramatique n'est pas déjà l'apanage de la gigantesque borne WIFI qui casse un peu l'ambiance ! Ce jardin semble plaire aux jeunes, quelques-uns sont tranquillement assis sur une banquette en pierre installée le long du muret, au fond. Sans leur ordinateur, tout de même ! Le fait d'avoir un bâtiment tout blanc et pimpant sur le côté rafraîchit l'ensemble et maximise l'apport du soleil...Dans tout ça, qu'est-ce que j'en ai pensé ? Eh bien que c'était amusant, mais sans plus, ce n'est pas un jardin fait pour qu'on y reste, où mènent exactement les chemins, déjà tout tracés...vers quelques  énigmes sculpturales, quelques stimulants cérébraux, et puis on fait demi-tour, non ? Mais cet espace est tout à fait bienvenu à côté de la fondation qu'il accompagne ; il lui confère une meilleure présence.




A proximité, nous entrons dans les jardins Laribal. Ils ont été inaugurés en 1922 et aménagés dans la propriété de Josep de Laribal, avocat du XIXe siècle, et créés dans un style méditerranéen renouvelé par Jean Claude Nicolas Forestier et Nicolau M. Rubio Tuduri. Ceux-ci se sont inspirés d'exemples andalous, notamment. Signalons le classement des jardins comme "Bien culturel d'intérêt local" parmi les jardins historiques catalans. Je précise que je n'en savais rien en les visitant et je regrette aujourd'hui de ne pas m'être documentée davantage sur ce que j'allais voir...

L'entrée que nous avons empruntée était assez discrète. La scène qui s'offre à nos yeux est particulièrement intimiste. Très arborée, arbustes taillés en haies basses, de petites placettes circulaires, des banquettes carrelées avec des motifs géométriques, de petits buis dans des pots en terre cuite placés sur des socles peints en blanc. Couleur rafraîchissante par excellence. On a tout de suite une impression de décompression, de légèreté. Le long de l'une des allées, une sculpture féminine aux formes agréables et douces de la main de Josef Viladomar (1925, Repos). L'espace s'ouvre, planté de quelques jeunes arbres (la plupart seraient de type méditerranéen, justement). Au fond, un escalier qui mène vers l'inconnu. Toujours ces pots en terre cuite qui relancent l'attention. Au cours de la promenade, on tombe sur un joli petit plan d'eau à l'andalouse, peu profond, lui aussi entouré de petits pots en terre cuite contenant des fougères, qui est situé tout près du bord, dans un jardin qui se parcourt désormais en descendant par paliers. 

En fait, l'eau profite de cette dénivellation du terrain pour s'écouler de bassins en bassins, formant par là un agréable escalier d'eau (à vérifier s'il n'y a pas confusion entre deux chaînes d'eau...), chaque vasque étant encadrée par de vigoureux piliers de pierre. Par ailleurs, les talus sont eux aussi soutenus par des murets en pierres, qui prennent des teintes orangées par endroit. Les escaliers à faible hauteur de marche, pierre grise, prennent de la largeur et invitent à descendre lentement pour profiter de la vue ; ils sont même investis par un bel arbre. Sur la droite, une pergola bien solide, avec des piliers peints en blancs et reliés entre eux par des murets ou parapets recouverts de carrés de terre cuite pouvant servir de banquettes (les briques sont laissées apparentes d'un seul côté). Si on poursuit la promenade sous la pergola, l'espace se resserre, à nouveau des marches conduisent vers l'inconnu, c'est vraiment excitant ! Mais on peut aussi continuer de descendre en empruntant une allée contigüe. Nous passons près d'une propriété moyennement élégante qui, sans doute, casse un peu le caractère soigné et poétique des lieux. Le portail d'entrée avec la grille est assez amusant avec ses formes chantournées et une petite composition de carreaux de céramique représentant deux chats noirs affrontés. On y accède par une belle volée de marches. Si nous restons sur les allées de promenade, se succèdent espaces resserrés et dilatés, qui accueillent fontaines, bassins et plans d'eau. Le revêtement du sol change parfois d'aspect et permet de bien distinguer les espaces entre eux, d'éviter l'impression d'un chemin trop long à parcourir.











Ce n'est pas tout. Le jardin Laribal offre une liaison directe avec un autre jardin : celui du Théâtre Grec. D'abord, un jardin emmuré situé en contrebas de l'allée de promenade, dans une forme polygonale. Il accueille des parterres délimités par de beaux buis taillés et des arbres assez importants. 

Le jardin du Théâtre Grec a également été créé pour l'exposition universelle - encore une création de Jean-Claude-Nicolas Forestier - et le théâtre grec date de cette époque, il ne faut pas se faire avoir et croire qu'il s'agit de vestiges antiques particulièrement bien conservés (architecte : Ramon Raventos) ! Cette fois, nous nous trouvons sur une sorte de terrasse bien dégagée qui offre notamment un formidable point de vue sur la ville de Barcelone. Une partie des parterres sont organisés autour de cet amphithéâtre en forme d'hémicycle. Très découpés, ces parterres sont traversés par des sentiers en étoile ou en croix avec ronds-points circulaires ou quadrangulaires. En plein milieu de cette composition en flèche, un grand rond-point circulaire avec petit bassin distribue trois allées plus importantes, dont une située dans l'axe perpendiculaire au sens du théâtre...Non, ce n'est pas compliqué ! Juste un peu plus élaboré que d'habitude (mais quelles habitudes ?). Il s'agit bien d'un jardin géométrique accueillant plusieurs variétés de roses. La couverture du sol est en réalité très peu épaisse mais on a donné du corps à l'espace en l'entourant de cyprès très élancés et distribués à distances très régulières induisant un rythme, reliés entre eux par des arbustes taillés en haies basses (ou par un écran d'ifs déjà plus élevés). Devant eux, des bancs bien droits dans leur botte, c'est-à-dire bien solides et de formes classiques, la couleur étant un mélange brun-citrouille et brun-fauve (ou orange brûlée ?) qui donne du peps à l'ensemble. Ce qui est génial avec cette rythmique de cyprès, c'est le fait d'apercevoir à l'arrière-plan la rythmique décalée marquée par une pergola dont on parlera plus tard. En vérité, entre cet écran et la pergola existe une composition intermédiaire faite de parterres en forme de croix répartis de part et d'autre d'une grande allée. Un petit bassin quadrangulaire accueille des plantes assez originales, un peu comme des éventails égyptiens et se prolonge d'un petit canal...En contrebas de la pergola, un dernier espace tout en longueur, fermé par de petits arbres régulièrement plantés qui ont leur pied dans des plates-bandes occupées par une plante verte très couvrante. Celle-ci est interrompue à intervalles réguliers par des bancs. Au milieu, une succession de parterres en triangles et en losanges avec un beau remplissage fleuri - notamment des graminées - et délimitation par de tout petit buis. Devant : deux beaux buis taillés en cônes. La pergola, avec ses fûts de colonnes et ses poutres en bois, est tapissée en partie par une haie de buis taillée.

L'une des allées de la première composition dont nous parlions-ci dessus se prolonge au-delà de cet espace clos et mène vers quelques volées de marches bien serrées. Légèrement en hauteur, un pavillon ou volume assez sobre, entièrement peint en blanc avec une galerie d'arcade toute simple et oculi, le tout couvert d'une toiture de tuiles à pentes douces. Une autre pergola mène à l'entrée latérale de ce pavillon et conduit le regard vers une ouverture située dans le mur parallèle, offrant une image assez stupéfiante de la ville (sur la photo, on est surtout frappé par le contraste qu'apporte la couleur orange d'un lanternon surmontant une coupole), le tout dans un raccourci rondement mené.










Quelques liens sur ces jardins : 

Site des espaces verts de la ville de Barcelone : les jardins Laribal

Site des espaces verts de la ville de Barcelone : les jardins du Théâtre Grec

Les jardins historiques de Catalogne

(Article mis en ligne le 1er novembre 2013)







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