Quelle ne fut pas ma surprise, alors que j'attendais le train à Paris-Montparnasse en compagnie d'un ami, lorsque celui-ci m'apprend l'existence d'un jardin sur la terrasse de la gare. Sceptique, j'imagine un parc un peu triste, économe en végétation, avec plein de poubelles remplies de détritus à ras-bord. Ce serait au mieux une salle d'attente en plein air. Mon ami part en repérage, pour voir si la zone n'est pas trop ensoleillée. Il revient pour me dire que l'endroit vaut le détour, alors je prends mes bagages et accepte de le suivre. Et j'ai bien fait, ce que j'ai eu devant les yeux m'a décroché quelques cris d'enthousiasme.
Le jardin, contenu dans un grand terrain quadrangulaire, entouré d'immeubles impersonnels renfermant sans doute des appartements qui ont l'air empilé les uns au-dessus des autres sans souci d'espace (ce ne sont pas des bureaux, quand-même ?), a vraiment l'air accueillant et donne l'impression qu'il va nous absorber, nous extraire du monde réel, du moins du côté où nous nous trouvons. Une passerelle en bois déborde de la clôture pour nous inciter à entrer dans un univers tout en courbes et en vagues (les jeux pour les enfants s'inspireraient du thème de l'océan eux aussi). Des fleurs mauves adoucissent déjà nos pensées (qui n'est pas un peu crispé lorsqu'il voyage ?). Entrons ! Je n'ai de toute façon pas envie de croiser les militaires qui surveillent la terrasse de la gare. Au fur et à mesure que je chemine sur la passerelle en bois et que celle-ci serpente en s'enfonçant davantage dans le jardin, de nouveaux points de vue, de nouvelles plantes s'offrent à mon regard. La végétation semble luxuriante mais d'un autre côté, certaines zones semblent un peu nues ou ignorent l'abondance, comme ce plan d'eau un peu stagnant, une eau noire qui ne respire pas la vie comme le reste. Et ces structures de béton nous rappellent où nous sommes.
Ce jardin a été créé en 1994 par des architectes paysagistes, François Brun et Michel Penna, et non par des amoureux de la nature. Je ne veux pas dire qu'un architecte paysagiste n'est pas un amoureux de la nature, mais je me demande quand-même si ce n'est pas fréquent aujourd'hui qu'ils oublient le pouvoir apaisant d'une végétation couvrante bien verte et présente en quantité, en bonne santé, d'une eau claire et ruisselante, qui pétille. Les matériaux en dur sont encore trop présents derrière les plantations. Mes sentiments envers ce parc sont mitigés mais je l'admire quand-même (dommage pour les quelques temps morts, les zones un peu moins garnies). Avec mon ami, nous n'avons arpenté le parc qu'en périphérie (l'est, je pense), aménagé en petites places tranquilles. Nous ne sommes pas seuls, car d'autres utilisent les passerelles pour faire leur jogging matinal.
Le centre consiste en un immense terrain de verdure inondé de lumière quand soleil il y a, traversé par une allée qui doit mener vers la Fontaine des Hespérides que je n'ai pas vue. De toute façon, une rapide recherche m'apprend qu'elle ne fonctionne plus pour le moment. J'ai pu voir à quoi ressemblait ce lieu rempli de cris d'enfants en escaladant une sorte de tour à la structure façon "mobilier urbain contemporain" qui avait des airs de prison mais débouche, une fois en haut, sur un palier aménagé en ellipse et accueillant des banquettes. Il faut traverser ce petit palier pour descendre de l'autre côté et arriver dans les grandes pelouses, ce que je n'ai pas fait. Je suis retournée m'asseoir sur mon banc, au lieu d'explorer comme l'aurait fait un véritable fou de jardin. La série de bancs dont faisait partie celui que j'occupais était configurée de telle manière qu'elle faisait penser à du mobilier de pont de bateau, surtout dans le type de banc choisi, le siège redressé fièrement vers le haut (il me semble). Le sol qui m'entoure, composé de je ne sais quel fin gravier couleur beige, me désolait un peu, car c'est toujours triste d'avoir à contempler une aussi grande surface de ce genre, mais je pouvais tout aussi bien orienter mon regard sur un parterre de fleurs ou une passerelle avec des arches aux formes audacieuses...
J'apprends sur internet que les arbres choisis sont des essences que l'on trouve sur les deux façades de l'océan atlantique. Le parc est également inspiré d'une part par le jardin à la française pour le côté géométrique et dégagé, et par le jardin à l'anglaise, pour le relief accidenté et la végétation plus touffue (ces termes proviennent directement d'internet, dois-je citer mes sources qui ne sont pas tellement scientifiques pour le moment ?). Dans l'ensemble, ce parc est une belle réussite et contenant ce que j'attends d'un parc : des effets de surprise, l'impression d'être immergé dans un lieu à part, propice au repos et plusieurs options de délassement. Il est moins réussi pour ce qui concerne les points d'eau, il aurait fallu que j'aille voir le bassin des miroitements (au centre ?) pour être tout à fait objective mais pour ce qui est du côté est, c'est un peu triste.
J'ai souvent pris mon train à la gare Montparnasse mais je ne connaissais pas ce jardin. Merci Aurélie pour ce petit paradis que tu nous fais découvrir !
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