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Annevoie : des jardins d'eau à découvrir aussi sous la pluie

Si les Anglais prennent plaisir à se promener dehors quand il pleut, il n'y a pas de raison à ce que je ne fasse pas de même aux jardins d'Annevoie. Celui-ci, aménagé par Charles-Alexis de Montpellier, est un jardin de la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui promet variété et surprises. C'était décidé depuis une semaine, je devais m'y rendre coûte que coûte. Il est déjà assez difficile de devoir avouer que je n'ai jamais vu les jardins de Versailles, alors ne pas avoir vu ceux qui se trouvent tout près de chez moi, c'est tout à fait inenvisageable. On me parlait des jardins d'Annevoie depuis longtemps, et avec beaucoup d'enthousiasme. Je les imaginais très grands, avec plein de bosquets, de fontaines sculptées dorées, de familles pique-niquant dans chaque recoin et d'arbres tri-centenaires derrière lesquels se cacheraient des gens déguisés comme pour le carnaval de Venise. La réalité a été toute autre. Je suis arrivée à la gare de Gedinne, sous la pluie, et ai suivi scrupuleusement l'itinéraire proposé par google maps. Un peu longuet mais peu importe, j'avais d'autant plus envie d'apercevoir les jardins qui se cachaient au détour d'une route pentue, empruntée par des tas de voitures pressées. Les jardins d'Annevoie, ça y est ! Tiens donc, l'entrée ne se fait pas par un château mais par une grande bâtisse d'allure récente. Il n'y a pas un rat dans les parages, c'est parce qu'il pleut et qu'il n'est que 10h...un dimanche ! Les abords du bâtiment me paraissent un peu confus, je ne devine pas vraiment le style de jardin que je vais visiter. Mes oreilles entendent quand-même bien qu'il y a de l'eau en jeu, que ça va être un jardin sonore et que ça va être très apaisant et ressourçant. Je reçois un plan du domaine; le parcours est fléché. Mon premier parcours de jardin fléché !
Un jet d'eau puissant, mais pas menaçant.
Voici ce qu'on appelle des jets d'eau en éventail !
Que se passe-t-il au bout de l'allée, où me mène-t-elle ? Surprise !
Ce jardin est déconcertant. C'est d'abord l'eau qui me préoccupe; elle se présente sous plusieurs formes, canaux, fontaines, buffet d'eau...Je suis entourée de grands arbres un peu dénudés, de charmilles, de gazons disposés en glacis...Mon regard anticipe les cheminements possibles, et la structure de l'ensemble reste un mystère. Même si je vois des choses intéressantes, le fléchage semble vouloir me dire "tu iras voir plus tard, va d'abord par là". A quelques dizaines de mètres se trouve une grande ferme, du moins une belle et digne grange. Il ne faut pas marcher longtemps avant de découvrir une nouvelle mise en scène.

Les plans d'eau se commandent entre eux, un buffet d'eau les oxygène. Une grille ravissante mais plus récente nous permet d'admirer la composition. L'étang octogonal est entouré d'herbe et de haies basses; la vue glisse ensuite sur les alignements d'arbre et la colline à l'arrière.

Je m'habitue tout doucement au jardin quand tout à coup, le château se révèle à moi dans toute sa splendeur. Bon, j'admets que j'utilise des mots un peu forts et qu'il ne s'agit pas ici du château de Chambord. Mais et alors ? Il m'a vraiment ému ce château, habillé à la manière française, entouré d'eau lui aussi. Il est grand et petit à la fois, attendrissant avec les pierres de teinte rosâtre de la travée principale. Mais non voyons ! Ce sont des briques (autrefois enduites ?). Le reste est bien en moellon de pierre, c'est sûr. Les fenêtres ne sont pas les mêmes aux extrémités, le château n'a pas été construit tout d'une pièce à la même époque. J'aimerais avoir un bateau gonflable et voguer sur le plan d'eau en contemplant ce beau château, convaincue d'être tranquille pour la journée, car il pleut toujours.



On ne tourne pas autour du château, on passe devant ! Il semble qu'il soit encore habité, en réalité c'est un château avec une cour intérieure. De l'autre côté du plan d'eau, voilà ce qu'on trouve : un talus (bon, pas une pente trop forte non plus, c'est très doux) avec de petits bouillonnements d'eau compris entre deux haies au tracé chantourné très "baroque". La statue qui se cache tout en haut, vous irez la voir vous-même. Les arbres,à  l'arrière plan, font écho aux jets d'eau, avec leurs petites boules de gui ! 


La vue est beaucoup plus ouverte une fois que l'on a dépassé le château. L'ensemble paraît plus solennel mais pas plus barbant, toutefois. Les jardins sont aménagés en terrasse (j'admets que le mot est un peu fort), en bordure d'un plan d'eau, tout est aligné proprement mais avec sincérité. Il ne s'agit pas d'un alignement de soldats mais d'un alignement d'écoliers avec des pions qui surveillent de distance en distance : les topiaires d'ifs taillés en cône. Voilà qu'arrivé au bout du plan d'eau, je découvre,...un canal parallèle dissimulé par les palissades et un parterre d'eau sublime, depuis lequel apprécier l'église du village. 




Ne nous précipitons pas pour découvrir le dernier tiers du jardin alors que je n'ai pas tout vu...si nous longeons le château, nous découvrons un espace très allongé composé de parterres plantés. Il se se poursuit jusqu'à à cabinet de treillage par une allée définissant une perspective. La question est cependant : quelle est la planté dont nous remarquons le feuillage un peu gras dans les parterres ? Le plus amusant, ce sont les statues disposées au bout du jardin : je vous laisse découvrir pourquoi ! Attention, ce sont des statues récentes, il ne s'agit pas de se faire avoir. 





De petites interruptions dans les palissades de l'allée permettent d'avoir des vues sur le reste du jardin. Un bosquet - surprise est accessible depuis une allée tournante couverte; un sanglier trône au milieu d'une île qui mange presque toute la surface d'un plan d'eau circulaire. Un canard en fait le tour à son aise. Je l'envie d'avoir son propre bosquet. Le cabinet de treillage dont je parlais n'en est pas vraiment un, il s'agit d'un édicule maçonné accueillant une statue, et au fond duquel est disposé un treillage. Je poursuis ma route en passant au-dessus du canal de tout à l'heure, je m'approche de l'église puis reviens tranquillement vers le point de départ de la visite. Le chemin a pris de la hauteur, jusqu'à longer le plan d'eau qui sert de réservoir, c'est-à-dire à alimenter les jeux d'eau en partie basse, par gravité / dénivellation naturelle. Je redescends par un jardin en pente qui a l'air ancien mais qui date en réalité des années 1950, si je me souviens bien, et est censé contenter les visiteurs regrettant l'absence de fleurs aux jardins d'Annevoie !


Le fameux rocher de Neptune


Du jardin formel, issu d'une création récente, on passe à un jardin irrégulier, qui s'étend à proximité de la boutique. 

Le jardin des fleurs. N'y a-t-il pas ici une influence espagnole ou portugaise ? 

Est-ce bien cela ce qu'on appelle un "ajutage" ? Il s'agit d'une pièce influençant la forme du jet d'eau...

Le jardin paysager

Mis en ligne le 25.04.15



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